VACANCES AU CAMPING : ALLEZ-VOUS POUVOIR PROFITER DES PISCINES CET éTé ?

Qui dit vacances d’été, dit camping. Mais avec les restrictions prises pour faire face à la sécheresse, doit-on craindre une fermeture des piscines ?

La France est sans aucun doute la reine du camping en Europe. Avec ses 22 millions de campeurs accueillis chaque année, elle est le 2ème parc mondial après les Etats-Unis. Mais voilà, il pourrait y avoir péril dans la demeure pour l’hébergement préféré des Français. Le dérèglement climatique s’intensifie, entraînant des chaleurs hors normes et des baisses de précipitations sur l’ensemble du territoire. Huit mois interminables de sécheresse en 2022, du jamais vu depuis 1989, selon Météo France.

L'enjeu de la ressource en eau préoccupe l’hôtellerie de plein air, dont le gros de l’activité se concentre à la période estivale et qui n'imagine pas se passer de son atout principal : la piscine. Si elles venaient à fermer, ce serait une catastrophe pour les campings dont “4/5ème de la fréquentation s’effectue dans ceux qui en possèdent une”, fait savoir Nicolas Dayot, président de la fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA).

Le secteur se dit néanmoins conscient des efforts à mettre en œuvre pour assurer la pérennité de son activité tout en préservant l’environnement. “Depuis longtemps, nous travaillons sur ces questions d’économie de l’eau et plus encore ces deux dernières années. Avec l'ADEME (Agence de la Transition écologie, ndlr), nous avons établi un plan en trois axes : la gestion des fuites du réseau, la récupération des eaux usées et eaux de pluie et la sensibilisation des clients”, affirme le président. Mais face à la sécheresse qui met en péril la ressource en eau dans certains territoires, comme les Pyrénées-Orientales, les actions mises en place par les campings seront-elles suffisantes pour protéger le secteur d'éventuelles restrictions ? En clair, devront-ils prochainement fermer leur piscine et garder l’eau pour des utilisations de premières nécessités ?

Cet été, les campings passent entre les gouttes

“Malheureusement, nous n'avons pas pris suffisamment de précautions”, concède Michel Nore, président de la fédération départementale de l’hôtellerie de plein air (HPA) du Var. Avant d’ajouter à l’adresse des prochains vacanciers : “les campings du département disposent toutefois d'une quantité d'eau suffisante pour satisfaire leur clientèle cet été”.

Les clichés de désolation des gorges du Verdon asséchées ont fait beaucoup de mal au tourisme Varois. Un épisode malheureux qui ne doit pas ternir l’image de la région. "Actuellement, dans la partie haute du Var, il pleut abondamment et les niveaux des lacs de Sainte-Croix ou de Beaudoin semblent se rétablir progressivement. L'Agence Régionale de Santé (ARS) a décidé qu'il n'y aurait pas d'interdiction générale d'utiliser les piscines, mais seulement d'en remplir une si elle a été vidée par le gérant. Pour l'instant, il n'y a pas de danger imminent pour nos clients”, assure le président du syndicat HPA du Var, qui attend pour cette saison près de 800.000 vacanciers, soit environ 10.000 nuitées chaque jour. Une manne financière dont ils ne peuvent se passer. “Si demain matin on n’a plus de touristes, on va périciter. Donc dès maintenant il va falloir s’adapter et reconsidérer nos modes de fonctionnement pour affronter cette guerre de l’eau”.

Au mercredi 10 mai 2023, déjà 49 départements de France métropolitaine sont soumis à différents niveaux d’alerte : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise. Sur les 10 départements français les plus dotés en camping, le Pas-de-Calais est en vigilance, l’Hérault en alerte, l'Ardèche en alerte renforcée, le Var et les Pyrénées-Orientales en crise. Pour ce dernier, le tourisme est la principale activité économique du département et le camping le premier mode d’hébergement. “Sans piscine, moins de fréquentation dans les campings, donc moins de touristes dans les restaurants, les magasins, les centres d’activités… Cela revient à complètement sinistrer l’activité sociale et économique du territoire et ça, le préfet l’a bien compris !”, insiste Nicolas Dayot.

Le 9 mai, le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy, a arbitré en faveur du secteur touristique dans son arrêté encadrant le passage en situation de crise sécheresse. Si les particuliers ne peuvent pas remplir leurs piscines, les parcs de loisirs, les centres aquatiques, les hôtels et les campings en ont le droit, du moins jusqu’au 13 juin. La fédération de l’hôtellerie de plein air est en pourparlers avec d’autres préfets pour harmoniser la décision de Rodrigue Furcy à l’ensemble des départements, mais aucun ne s’est encore positionné.

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Une autorisation sous condition

Attention, il ne faut pas se méprendre. Les campings ne pourront pas remplir leur piscine au détriment des particuliers qui devront, eux, se priver. Déjà, parce que le secteur du tourisme équivaut à “2% de la consommation en eau dans le département”, précise Nicolas Dayot. Et aussi parce que les négociations menées avec la préfecture ont permis d’établir une réduction de 30% de la consommation en eau des campings et de trouver un équilibre entre préservation de l’eau et de l’économie, argumente-t-il encore.

Pour cela, le syndicat vise une optimisation de ses aménagements sur l’ensemble des 8.000 campings du parc français. “Il ne faut pas avoir que la piscine en ligne mire. D’autant que le gros de la consommation se trouve au niveau des hébergements". Et c'est là où réside le défi majeur pour le syndicat : la sensibilisation des clients.

Il est vrai qu’en vacances on a un peu tendance à se relâcher... Sauf que l’environnement, lui, ne prend pas de congés. Pour cela, le FNHPA travaille main dans la main avec l’ADEME pour réussir à faire évoluer le comportement des vacanciers “sans qu’ils s’en aperçoivent”. Cela passe par la mise en place de "douches performantes qui consomment 3 litres la minute au lieu de 13 litres pour les classiques, l’arrêt de l’arrosage des espaces verts et du nettoyage à l’eau, la récupération et le traitement de la vase des piscines pour la redistribuer aux pompiers ou encore le remplacement d’essences trop gourmandes en eau…", énumère Nicolas Dayot, qui espère ne pas avoir à passer par la case amende, tout en avouant que ce serait “une piste envisageable”.

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