Longtemps perçue comme un frein à l’effort, l’asthme n’exclut pourtant pas la pratique régulière d’une activité physique, bien au contraire. La Journée mondiale de l’asthme qui a lieu le mardi 6 mai …
L’asthme est une maladie chronique fréquente, qui touche plus de 4 millions de personnes en France. Elle se manifeste à travers des crises, durant lesquelles il existe une gêne respiratoire (dyspnée) et des sifflements, et s’avère liée à une inflammation chronique associée à des perturbations locales du tissu respiratoire. Plus précisément, lorsqu’une crise se déclenche, les bronches se contractent provoquant un épaississement des parois bronchiques. On parle alors de bronchoconstriction, une réaction qui limite le passage de l’air, provoquant une gêne respiratoire et une importante sécrétion de mucus. La respiration devient difficile et sifflante et s’accompagne très souvent d’une quinte de toux et d’une sensation d’oppression thoracique. Comme le rappelle la FHP-MCO* à ce sujet, il s’agit d’une pathologie dite « multifactorielle » à savoir qu’elle est notamment due à une prédisposition génétique mais aussi à des facteurs favorisants. Sont notamment cités des allergènes (acariens, poussière, pollen, poils d’animaux, moisissures), polluants (fumée de cigarette, composés organiques, pesticides), infections virales ou encore le stress.
Mais il s’avère que les efforts physiques peuvent également faire office de facteurs déclencheurs, amenant donc les personnes asthmatiques à se demander si l’activité physique leur est possible. La réponse est simple selon l’Assurance maladie : « l’activité physique et sportive, en cas d’asthme, est tout à fait compatible, voire recommandée lorsque la maladie est bien contrôlée. » Selon la Fondation du Souffle, il convient ainsi de mettre un terme à l’idée reçue affirmant que la pratique du sport chez les asthmatiques est contre-indiquée par crainte de « l’asthme d’effort ». En réalité, l’organisme fait savoir que la pratique du sport est compatible avec un asthme bien soigné, même si certains asthmatiques doivent prendre un médicament avant l’effort. Le constat est le même pour l’organisme Santé Respiratoire France, qui précise que « les crises d’asthme à l’effort sont d’autant plus fréquentes que l’asthme est mal contrôlé. Ce point pris en compte, de l’activité physique occasionnelle à la pratique intensive, que l’asthme soit intermittent (avec des périodes d’accalmie entre les crises) ou persistant… tout est permis. »
Que se passe-t-il si l’asthme ne s’avère pas bien contrôlé par le traitement ? Les symptômes de la crise débutent par une toux sèche ou une respiration sifflante, survenant au décours de l’effort ou, plus souvent, juste après son arrêt. En cause, une hyperventilation prolongée, elle-même à l’origine d’une déshydratation et d’un refroidissement au niveau des bronches. « Lorsque l’asthme n’est pas bien contrôlé, les bronches sont très inflammatoires et très réactives à ces modifications liées à l’effort. Elles se contractent alors brutalement : c’est la crise d’asthme. », ajoute l’organisme. Ce dernier insiste sur le fait que l’intensité de l’effort entre en ligne de compte : un effort intense augmente le débit ventilatoire, ce qui oblige à respirer la bouche ouverte. Or, cette habitude ne permet plus à l’air d’être réchauffé et humidifié par le nez, sans négliger l’éventuel impact des allergènes et particules irritantes présentes dans l’air qui ne sont plus filtrés par le nez et parviennent directement dans les bronches. Parmi les autres paramètres à surveiller figurent la durée de l’effort, un air froid et sec, un pic de pollution ou pollinique et les facteurs déclenchants classiques.
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La pratique du sport est donc compatible avec un asthme bien soigné, mais nécessite un certain nombre de précautions, à commencer par une prise correcte du traitement de fond. « Les individus dont l’asthme est intermittent doivent inhaler un bronchodilatateur de courte durée d’action 10 à 15 minutes avant tout effort afin de maintenir les bronches ouvertes pendant plusieurs heures. Ceux dont l’asthme se manifeste de façon continue ont aussi besoin d’utiliser un bronchodilatateur avant un sport d’endurance ou un sport asthmogène (déclencheur de crises). », note Santé Respiratoire France. Avoir toujours sur soi son inhalateur de crise s’avère également indispensable, de même que le fait de s’échauffer progressivement, d’éviter les facteurs de déclenchement (allergènes, air froid, tabac...), d’adapter l’intensité de son activité selon sa forme physique et d’arrêter sa pratique en cas d'essoufflement anormal. Autrement, les autorités sanitaires sont unanimes quant au fait qu’une activité physique pratiquée dans de bonnes conditions a de nombreux effets positifs sur la santé, dont le renforcement du cœur et celle de la tolérance à l’effort et du souffle.
Il s’avère en effet selon la Fondation du Souffle que la pratique d’une activité physique permet de développer la capacité pulmonaire des asthmatiques et de renforcer les muscles respiratoires, ce qui contribue au bon contrôle de l’asthme et augmente progressivement la tolérance à l’effort. « Le fait de bouger est même vivement recommandé pour améliorer les performances respiratoires (développer la capacité pulmonaire) et renforcer les muscles respiratoires, comme le diaphragme, et donc diminuer l’essoufflement. De plus, la pratique d’une activité physique régulière améliore chez la personne asthmatique le contrôle de l’asthme et la qualité de vie. Or, on constate que le niveau d’activité physique est moindre chez les asthmatiques en comparaison à la population générale. Une étude a constaté que 38,5 % des patients asthmatiques de tout âge ne pratiquaient pas d’activité physique de loisir. », souligne pour sa part Santé Respiratoire France. Vouloir être capable de participer à des activités sportives et récréatives sans avoir de symptômes est donc un objectif raisonnable et accessible pour les 4 millions de personnes concernées en France.
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Et la bonne nouvelle n’est autre que les asthmatiques semblent faire autant, si ce n’est plus d’activités physiques par semaine (65%) que les non-asthmatiques (61%) selon une enquête Ifop réalisée pour Sanofi en 2023. En outre, les sports de prédilection diffèrent peu entre asthmatiques et non asthmatiques : ils sont respectivement 52% contre 46% à pratiquer le vélo, ou encore 31% contre 23% pour des sports d’endurance comme le jogging. A la question de savoir quels sont les sports les plus appropriés, la Fondation du Souffle estime qu’il est possible de pratiquer presque tous les sports (natation, aquagym, yoga, taï-chi, danse, vélo, randonnée, aviron, course à pied…) même si l’équitation est déconseillée en cas d’allergies (au cheval et au foin) de même que la plongée avec bouteille. L’avis d’un médecin s’avère toutefois indispensable, notamment pour déterminer les sports nécessitant des précautions renforcées face à la présence de substances potentiellement nuisibles (air froid, sec, composés chimiques dans les piscines, poussière des tatamis…). Toujours est-il que, asthmatique ou non, le plus important est de pratiquer l’activité physique que l’on aime.
*La FHP-MCO est la branche Médecine, Chirurgie et Obstétrique de la FHP, la Fédération de l'Hospitalisation Privée.
2025-05-05T17:40:46Z