CHAMPIGNONS, GRILLONS, LARVES DE MOUCHE... UN COUPLE VIT QUATRE MOIS EN AUTONOMIE AVEC DES LOW-TECH

Jusqu'à la mi-novembre, Caroline et Corentin testent un appartement à basse consommation d'énergie pour voir comment vivre d'ici 2040 de manière plus écologique.

"Bienvenue dans l'appartement du futur, ici on a combiné une vingtaine d'innovations low-tech qui viennent de partout autour du monde." C'est ainsi que Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz présentent leur logement de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine.

Depuis cet été et jusqu'à la mi-novembre, le couple, membre de l’association Low-tech Lab, expérimente la vie dans une habitation à basse consommation d'énergie.

"On mesure tout: l'empreinte écologique, les coûts financiers, les effets sur la santé... L'objectif est de voir comment on pourrait vivre d'ici 2040 de manière saine, durable et accessible à tout le monde", explique le jeune homme.

"On a réussi à diviser par quinze notre consommation d'eau. Un Francilien consomme en moyenne 150 litres par jour", se félicite sa compagne. En repensant leur mode de vie urbain, ils ont également réduit par cinq leurs émissions de gaz à effets de serre.

Champignons et larves de mouches

Dans leur salle de bains, les deux partenaires utilisent un système de brumisation. Efficace pour passer de 2 à 5L d'eau utilisés par douche, contre 30 à 60L habituellement.

"Notre chauffe-eau est également très économe en énergie car il n'a qu'un volume de 2L", ajoute cette éco-designeuse.

Dans la pièce, ils profitent d'ailleurs de l'humidité et de la faible lumière pour cultiver des champignons comestibles. Le jeu en vaut la chandelle avec jusqu'à 1,5 kilo de pleurotes récoltés par semaine. Tout est pensé puisqu'un mur végétalisé composé de mousse absorbe le CO2 rejeté par les champignons.

Conscients que les toilettes représentent 20 % de la consommation d'eau dans un logement, ils ont opté pour des toilettes "vivantes". Le concept est similaire à des toilettes sèches, avec des larves de mouche soldat noire pour "dégrader rapidement les excréments et en faire du compost pour les plantes".

L'eau de la douche repart justement dans le système de culture de ces végétaux aromatiques. L'engrais employé ? De l'urine transformée avec des bactéries.

Cuisine équipée mais surtout repensée

Le couple a également conçu "une cocotte du futur" pour leur cuisine, ce qui permet de cuire des aliments avec cinq à dix fois moins d'énergie consommée qu'un ustensile classique. L'eau de l'évier étant riche en déchets organiques, elle est aussi réutilisée pour le méthaniseur afin de produire du gaz.

Mais le principal atout de ce domicile est "le cerveau". Une machine qui permet d'optimiser l'énergie solaire de l'appartement pour recharger les batteries en fonction de la météo.

"Si on lui indique qu'il fait beau demain grâce à un bouton intégré, il va calculer combien d'énergie dépenser de lui-même pour l'arrosage des plantes", détaille Corentin.

Les déchets organiques de la cuisine sont enfin broyés et donnés à manger à des larves, lesquelles seront ensuite ingérées par des poules pour produire des œufs.

Un bilan "plutôt positif"

Pour se nourrir, ces Boulonnais élèvent des grillons qu'ils dégustent "frits avec un peu d'épices ou du reblochon". De quoi faire le plein de vitamines B12 et de protéines.

"On est dans une zone de forte densité de population donc on ne vit pas en autarcie. Au contraire, on collabore avec une quinzaine de personnes, que ce soit une ferme où l'on travaille puis qui nous donne des fruits et des légumes, une épicerie partagée, l'éleveur de grillons... C'est une vie très sociale", poursuit l'ingénieur.

Lorsqu'on leur demande de faire le bilan de ces quelques mois déjà passés dans ce nouvel environnement, les cobayes trouvent qu'il est "plutôt positif". "On adore vivre avec cette nature en pleine ville, on est en bonne santé, cela ne coûte pas cher et on respecte les limites planétaires", se réjouissent-ils.

Ils concèdent cependant qu'il existe encore deux freins pour que ce genre d'habitation se généralise: le fait que les entreprises ne vendent pas tous ces systèmes low-tech et surtout, que tout le monde n'est pas forcément fan de manger des grillons.

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